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Phase colostrale

Si on compare l'élevage bovin à une construction, les veaux en sont les fondations. Le bon démarrage des veaux est donc une étape clé, voire la plus importante.  

Tous les éleveurs connaissent l'importance du colostrum : il assure l'apport des anticorps de la mère. C'est un aliment très énergétique (deux fois plus que le lait) et laxatif, permettant l'élimination indispensable du méconium (déjection intra-utérine du foetus). 

Contrôler la quantité & jouer la rapidité

Laisser le veau téter après la naissance n'est pas une solution sûre. En effet, on ne peut pas contrôler la quantité de colostrum ingérée. Rappelons que le taux d'absorption des IgG par le veau décroit rapidement après la naissance. 

L'idéal est donc de traire très rapidement la vache, en ayant pris soin au préalable de nettoyer les trayons. Le plus tôt possible est toujours le mieux, vu la rapidité de perte de charge en anticorps du colostrum après le vêlage. 

Le minimum est de 4 litres dans les 6 premières heures de vie, dont 2 litres très rapidement après la naissance, ouis 2 autres litres dans les douze heures qui suivent le vêlage. 

Il n'y a aucun risque à donner 4 litres de colostrum en une seule prise au veau naissant par drenchage (technique d'administration orale forcée d'une grande quantité de liquide). Il suffit de ne pas dépasser le cardia (entrée de l'estomac) avec la sonde. Des essais conduits en Bretagne sur 315 génisses ont constaté une mortalité au biberon (9%) ou au seau (11%).

Contrôler la quantité

 

Outre la quantité distribuée, l'éleveur doit s'assurer de la qualité du colostrum via la mesure du tau d'immunoglobuline.

Sa concentration en immunoglobuline (IgG) ne doit pas être inférieure à 50g/litre et l'idéal est de se situer au-dessus de 65g/litre. On considère qu'un veau doit absorber 200g d'igG dans ces 6 premières heures de vie.  

Quels sont les outils ?

L'outil le plus fiable pour mesurer la concentraion en IgG est le réfractomètre (optique ou numérique) avec une valeur exprimée en Brix (22% correspondant à 50 g/litre). 

Moins onéreux mais aussi moins précis, le pèse-colostrum, qui mesure la densité du liquide, a tendance à sous-évaluer la richesse en IgG. 

La qualité microbienne compte aussi

Au-delà de la qualité et de la quantité des anticorps, le contenu microbien du colostrum doit être vérifié. Avec un colostrum "sale", les veaux n'absorbent pas que des anticorps, ils avalent aussi des bactéries. 

Une enquête en 2018 a démontré que 43% des colostrums contenaient plus de 100.000 CFU/ml. C'est un seuil limite pour considérer un colostrum propre. 17% des colostrums dépassaient plus de 1 million de germes. A ce niveau, c'est de l'empoissonnement ! Tout le circuit de colostrum, depuis le trayon au biberon, en passant par la griffe ou le pot trayeur, doit être propre et désinfecté avant la première traite. Le Dr Mcguire du Wisconsin a confirmé par une étude publiée qu'un niveau supérieur à 10.000 colis/ml et/ou de 100.000 CFU de germes totaux augmentait le nombre de diarrhées chez les veaux. 

Quelles sont les alternatives en cas de mauvais colostrum ?

En cas de mauvais clostrum, il fut pouvoir disposer d'une banque approvisionnée avec du colostrum de bonne qualité, issu de la première traite d'une vache de plus de trois lactatiosn, sans problème sanitaire. 

La conservation peut être réalisée par congélation dans des sachets plats de 500 ml, donc faciles à décongeler au bain-marie à moins de 50°C. 

Pendant les premières vingt-quatre heures de vie, le jeune veau ne consommera que du colostrum de la première traite dont on aura conservé les excédents au frais. Même si le colostrum de la mère est de qualité médiocre, il est judicieux d'en distribuer au moins 500 ml. Cela a un effet positif sur la santé du veau.

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